Flex-office : Des salariés SBF !

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SBF (Sans Bureau Fixe), voilà l’avenir enchanteur que nous promet la direction. C’est à la mode, c’est moderne et toutes celles et ceux qui émettraient des doutes sont caricaturés d’idéologues rétrogrades et rigides ou pire, de cégétistes (A l’heure de l’agilité heureuse, « rigide » est un vilain gros mot) !

Après l’open-space, l’engouement est au Flex office et à la fin des bureaux attitrés. Le salarié navigue entre postes de travail en libre-service, salles de réunion et bulles d’isolement. A écouter la direction, tout cela est évidement plus convivial, plus décloisonné et facilite les échanges et la créativité.

Gros facteur d’économie pour l’employeur qui réduit les mètres carrés mais qui ne reverse pas ces économies aux salariés (manquerait plus que ça !!!), ce bouleversement des conditions de travail peut être dévastateur.

Précisons que la CGT n’est pas opposée au Flex à l’inverse de nos illustres dirigeants dont aucun n’envisage de partager son bureau et, faute de place, de travailler, ordinateur sur les genoux, à la machine à café. Pour certains métiers (informatique, communication…), l’idée peut être intéressante et mérite d’être étudiée afin simplement d’en dessiner les contours et les modèles d’application. Mais tel n’est pas le cas pour toutes les activités du groupe et surtout pour tous les salariés. Ne plus avoir de repère peut provoquer un sentiment d’insécurité préjudiciable et nuire à la santé.

 « La stabilité d’un individu se construit par des habitudes, un système de référence. S’il faut tout reconstruire tous les jours, c’est extrêmement dangereux pour l’équilibre. Le Flex entraîne une précarisation de la personnalité par manque de repères », dénonce Sylvaine Perragin, psychothérapeute et consultante.

Et, quoiqu’en réfute notre direction, de nombreux autres experts alertent sur la déstabilisation et la déshumanisation à l’œuvre dans l’instauration du Flex : dispersion des équipes, appauvrissement de la communication (il faut s’envoyer des mails pour se retrouver, on ne se parle plus que par messagerie…), isolement des salariés, sentiment d’être interchangeable, nouvelles charges et difficultés pour l’encadrement déjà bien malmené…

La direction, responsable de la santé des salariés, aurait bien tort de sous-estimer l’attachement de certains salariés à leur bureau et de simplement penser qu’il s’agit d’une valeur rétrograde et ringarde alors qu’il s’agit clairement d’un élément de l’identité professionnelle structurant.

La direction pousse l’indécence jusqu’à refuser catégoriquement l’ouverture d’une négociation pour un accord d’entreprise, obligeant la CGT à être d’une extrême vigilance dans la mise en place du Flex. Cette attitude fermée met en lumière que seul le financier est aux manettes. Pour la CGT, comme elle l’avait argumenté avec le télétravail, ce sont les organisations qu’il faut d’abord interroger. En procédant ainsi, nous sommes passés d’une ambition de la direction de 1200 télétravailleurs à plus de 5000 ! Pas si rétrograde finalement la CGT !!!

Les RH, si la finance les y autorise, devront s’appuyer sur une analyse très fine des besoins individuels et collectifs, d’étapes d’expérimentation et de retour en arrière si cela n’est pas satisfaisant. Les managers auront besoin d’un accompagnement particulier face à la réduction de leur champ d’action, réduit à des tâches ingrates et sans valeur ajoutée ! De nouveaux outils d’alerte devront être multipliés pour détecter les phénomènes de harcèlement que l’isolement risque de multiplier ! Car, incontestablement, le Flex-office est un terreau favorable au harcèlement moral* puisqu’il fragilise et désoriente !

Si travailler devient un enfer pour les salariés, c’est un déluge de procédure pour mise en danger que la CGT fera tomber sur nos dirigeants, bien planqués dans leur bureau de 30 m2 bvd Malesherbes !

*Le harcèlement moral est un sujet de préoccupation majeur pour la CGT AG2R. Nous ferons une communication de sensibilisation prochainement sur ce fléau.